" Une des raisons pour lesquelles nous laissons nos intentions par défaut nous mener est la pensée magique – l'habitude de laisser passer les choses, de ne pas en faire de cas, en se disant que le temps arrangera bien des choses.
La pensée magique, c'est croire qu'un jour tout va être correct. Que tout va arriver sans que je n'aie rien à transformer en moi. Que je vais gagner le million ou que tout à coup le monde va découvrir que je suis une artiste de talent.
Bref, c'est croire que les choses que je souhaite vont se produire comme par magie.
La première fois que j'ai entendu cette expression " pensée magique" , j'ai dû vraiment m'arrêter et me regarder sans jugement pour saisir ce que cela signifiait dans ma vie. Et je me suis rendu compte que j'espérais qu'un jour, dans un futur hypothétique, par une chimie quelconque , j'aurais une vie qui me comblerait. Je n'avais pas encore compris que j'allais devoir m'atteler à la tâche et rester présente à mes vulnérabilités plutôt que de les ignorer en espérant que tout allait finir par s'arranger. Il m'a fallu bien des déboires pour enfin devenir responsable de la réalité dans laquelle je vivais.
Dans les années 1980-1990, la pensée magique est apparue sous la forme des affirmations. Nous pensions qu'il suffisait de faire une affirmation ( " je vais de mieux en mieux chaque jour " est la plus classique ) pour que notre réalité s'y conforme et change . J'ai beaucoup utilisé les affirmations, mais j'ai dû admettre que cette technique n'avait pas d'emprise réelle sur les embûches que j'affrontais au quotidien. Au prise avec les dilemmes de la vie courante et les contraintes de la troisième dimension, les affirmations me procurais plus de frustration que de plaisir. Pourtant, ces affirmations sont des intentions, des commandes, n'est-ce pas ? La pensée magique nous convainc que tout devrait être simple, et elle a pour résultat que nous nous décourageons lorsque ça ne l'est pas. C'est elle qui se cache dans cette phrase que l'on entend souvent en thérapie : « Pas encore ça ! Je croyais que c'était réglé et que j'en avais fini avec ça. »
" Lorsque nous espérons voir disparaître notre inconfort "comme par magie", nous abdiquons notre rôle de programmeurs, notre pouvoir sur notre réalité. Pourtant, la vie nous demande de nous impliquer dans notre évolution. Elle veut que nous soyons des créateurs imaginatifs travaillant et cocréant avec une intention consciente, tout en donnant la place qui leur revient à nos souffrances.
Toute la clé est là. Elle se retrouve dans les mots "tout en donnant la place qui leur revient à nos souffrances". Il m'a fallu plusieurs années pour comprendre que j'avais des programmes par défaut qui annulaient l'effet de mes affirmations parce que je niais mes souffrances et ma vulnérabilité. Parce que en d'autres mots je niais mon humanité, ma dualité. " Kishori Aird