TUMO : l'esprit du feu 

 

LE YOGA DU FEU INTERIEUR  

 

C'est le moyen de se défaire des nœuds de notre être propre

(Yogi MILAREPA / Le Saint Tibétain)  

 

TOUMO en tibétain GTUM-MO et TAPAS  Puissance flamboyante, dévorante

Le mot TUMO signifie chaleur mais il n'est pas employé dans le langage courant pour désigner la chaleur. C'est un terme technique du vocabulaire mystique tibétain. TUMO est aussi le feu subtil qui réchauffe le fluide génératif et fait monter l'énergie latente en lui procurant des délices intellectuels et spirituels.


" Il fait partie d’un système de six yogas appelés les six yogas de Naropa. Naropa était un yogi indien, mais l’origine des yogas de Naropa remonte bien avant ce dernier. Les autres membres de ce système sont le yoga du corps illusoire, le yoga du rêve, le yoga de la claire lumière, le yoga du monde intermédiaire et le yoga du transfert de la conscience.

Le célèbre Milarepa est un des grands pratiquants de ces six yogas. Cet ensemble de pratiques, s'apparente au Hatha- et Kundalini- yoga hindou ; Ils spiritualisent le corps en en faisant un instrument de réalisation. 

 

Un yoga tantrique

Tumo est un yoga dit tantrique. Le yoga tantrique a pour objectif la félicité complète et prend en considération toutes les dimensions de l’être. Ce yoga du feu intérieur, comme son nom l’indique, permet d’accéder à l’immense réservoir de chaleur que chaque humain possède à l’intérieur de lui. C’est cette technique qui permet aux yogis d’endurer les froids extrêmes des hauteurs de l’Himalaya en étant très peu vêtu, comme en a témoigné Alexandra David-Neel.

 

Bien plus que de générer de la chaleur, le yoga tantrique et le tummo permettent d’accéder à la félicité, à la satisfaction totale et permanente. C’est une voie directe et rapide menant à l’illumination. Un jour, Gampopa rencontra Milarepa et dit à celui-ci qu’il pouvait méditer sur un point 24 heures sur 24 pendant des jours. Milarepa lui répondit que cela n’était rien comparé à la méditation sur le feu intérieur. Il ne lui répondit pas cela par égo  ou par compétition, étant bien au-delà de tout ça. La méditation Tumo est quelque chose d’incomparable.

 

Le yoga tantrique est basé sur le contrôle de l’énergie. Dans ce système, l’homme dispose de trois corps. Le corps physique, le corps subtil et le corps super subtil, ce dernier étant atteint à la mort. C’est sur le deuxième corps, le corps subtil ou énergétique que s’intéresse ce yoga.

 

Tumo et le corps subtil

Le corps subtil est composé d’innombrables souffles vitaux, canaux énergétiques et de centres d’énergie. Ce corps subtil est en lien direct avec les pensées, les émotions, la santé, etc. De ces innombrables canaux énergétiques, un seul est véritablement très important, il est appelé le canal central.

Le principe de tummo est de faire entrer tous les souffles vitaux, toutes les sensations, toutes les pensées, toutes les perceptions dans le canal central. La nature de ce canal central est non-dualité, chaleur, luminosité, sagesse, connaissance, félicité et toutes ces qualités s’obtiennent lorsque la conscience se place dans ce canal.

 

Quatre centres énergétiques principaux permettent l’introduction des souffles dans le canal du milieu. Ces quatre centres se situent au niveau du ventre, du cœur, de la gorge et au sommet de la tête.

De ces quatre centres, le yoga tibétain de Tumo insiste particulièrement sur le centre au niveau du ventre. Les autres centres sont aussi capables de générer chaleur et félicité, parfois plus rapidement d’ailleurs, mais les yogis tibétains disent que la méditation sur le centre du ventre est plus sûre, d’où son utilisation prioritaire.

Les centres énergétiques alimentent le canal central qui à son tour réalimente les centres dans un cercle vertueux de félicité et d’illumination.

  

 

" On appelle mandala intérieur l'anatomie du corps subtil ou éthérique, permettant la maîtrise des souffles (prānas), des canaux (nādīs), des gouttes (bindus), et des fameux centres de conscience, ou roues d'énergie appelés chakras. "

 

Ce système d’introduction des souffles vitaux dans le canal central via les centres d’énergie pour atteindre les buts du yoga n’est pas exclusif au tumo tibétain. D’autres yogas ont les mêmes objectifs et des techniques qui se ressemblent comme le kriya yoga ou le yoga taoïste lorsque ces derniers sont authentiques. Nous parlerons de ces yogas dans d’autres articles.

 

 "Sans un corps humain, celui qui est pourvu de naissance en ce monde ne peut ni atteindre la réalisation, ni obtenir l'état de jouissance-vacuité. C'est pourquoi, à cause de la destination du corps qui est l'Éveil, il faut pratiquer l'union des veines subtiles chaque jour, au moment approprié. Une fois le corps établi dans la pratique, d'autres réalisations le servent dans les trois mondes",

Tantra de Kalachakra, strophe 107.  

 

La pratique de tumo

Pour les techniques, au sein même du tummo tibétain, il existe différentes méthodes. Globalement, le yoga du feu intérieur consiste en une respiration particulière, combinée à des mouvements physiques subtils et à une visualisation des souffles, des canaux et des centres d’énergie.

 

L’état d’esprit est également primordial pour la pratique. Le succès de la pratique dépend grandement de cet état d’esprit. Par exemple, si on pratique en se disant que Tummo n’est seulement accessible qu’aux grands maîtres, que l’on ne sera jamais capable d’atteindre le niveau des grands yogis, alors les résultats seront difficiles à obtenir. Bien d’autres erreurs  liées à l’état d’esprit peuvent faire obstacle à ce yoga. Le feu intérieur finira néanmoins par consumer ces barrières et à donner la libération.

 

Tummo est accessible à tous et peut donner satisfaction à tout le monde. L’état de maître demeure en chacun. La clef est la pratique. Car le yoga n’est pas quelque chose à intellectualiser. On ne peut en faire l’expérience qu’en pratiquant. "

 

Par Téli Diarra, auteur de Pratiques et secrets du yoga

http://www.01yoga.com/tummo-le-yoga-du-feu-interieur/

" Le bouddhisme enseigne depuis 25 siècles que l'esprit est une force indépendante qui peut être exploitée par la volonté et l'attention afin d'apporter un changement dans le monde physique. " La découverte que penser à une chose pourrait avoir les mêmes effets que faire cette chose résonne de façon fascinante avec les

préceptes bouddhistes" dit Francesca Cho . 

 

Le Bouddhisme défie la croyance traditionnelle en une réalité objective et externe. En effet, il enseigne que notre réalité est créée par nos propres projections ; c'est en pensant qu'on crée le monde qui nous environne. Les découverte des neurosciences s'harmonisent avec les enseignements bouddhistes. "

 

Begley S : " Train your mind, change your brain . How a new science reveals our extraordinary potential to transform ourself ". Source : Super Pouvoirs ~ Dean Radin

 

 

Le but de ce yoga est avant tout spirituel et tend à la production d'un état psychique d'unité et de plénitude dans lequel toutes les forces et aptitudes qui dorment en nous sont fondues et élevées à leur plus haute efficacité. Irrésistible ardeur intérieure qui fond tous les contrastes. Le feu de l'intégration spirituelle qui fond tous les contrastes nés de l'individualisation est ainsi ce que le mot tibétain GTUM-MO signifie en son sens le plus profond et ce qui constitue un des plus important sujet de méditation.

 

TAPAS comme GTUM-MO est ce qui arrache l'homme au sommeil de la satisfaction terrestre, à l'ornière de l'existence quotidienne. C'est la chaleur du saisissement psychique qui allume la flamme de l'inspiration, de l'enthousiasme et la spiritualisation, d'où naît ce qui, vu du dehors, apparaît comme renoncement, abandon du monde ou ascèse.

 

TAPAS signifie donc infiniment plus que ascèse ou mortification, que le Bouddha rejetait avec raison en faveur de cet état joyeux, de liberté né de la connaissance contemplative, à l'égard des choses du monde...


TAPAS ici est le principe créateur, s'exerçant sur le matériel comme sur le spirituel.

Il est dit dans le RGVEDA : "DU TAPAS FLAMBOYANT NAQUIRENT L'ORDRE ET LA VERITE".

 

Sur le plan spirituel, il est cette force qui nous soulève au-delà du "devenu" qui brise les limites de notre étroite individualité et du monde que nous avons nous-mêmes créées, fondant et transformant tout ce qui à forme et figure.

TAPAS peut être aussi bien créateur que libérateur, se trouve à la base aussi bien de "KAMA CHANDA" (désir amoureux) que de "DHARMA CHANDA" (effort vers la vérité, vers la réalisation du DHARMA).

 

Pour arriver au yoga du feu intérieur (GTUM-MO) le méditant devra en outre purifier son esprit en état d'intime abandon, régulariser son souffle, spiritualiser sa conscience par des paroles nantriques, diriger son attention sur Manipura, le tout sur une aura de couleur rouge lumineux… (comme Aranachala !).

 

Sans parler de l'incidence de la visualisation en 10 étapes en ce qui concerne SUSUMA reliant les courants lunaires et solaires dans les canaux subtils Ida et Pingala dans la colonne vertébrale.

 

(Lama ANAGARIKA GOVINDA)

TAPAS TOUMO n'est pas seulement une "métaphore" mais bien l'expression d'une expérience réelle d'un processus psycho-physique dans lequel sont présentes toutes les propriétés du feu avec leurs effets élémentaires et leurs effets subtilement matériels : Chaleur – Echauffement – Combustion – Purification – Fusion – Exaltation – Renforcement – Pénétration – Illumination – Transfiguration.

 


Le Feu intérieur

 

En tibétain « tummo ». Il s'agit d'une technique permettant d'augmenter sa chaleur interne. On comprend l'intérêt d'une telle technique dans un contexte où les ascètes tibétains avaient (et ont) l'habitude de méditer dans des grottes de l'Himalaya, en haute altitude, vêtus d'une simple robe de coton.

 

Suivant l'enseignement secret, le tummo est une méthode qui permet d'extraire le prana de l'inépuisable réservoir de la nature et de l'emmagasiner dans la batterie du corps humain, puis de l'employer à transmuer la liqueur séminale en énergie subtile par laquelle une chaleur psycho-physique interne est produite et circule dans les canaux fluidiques du système nerveux psychique (les nadi).

 

L'art du tummo s'accompagne de visualisations complexes, de méditations, de respirations et comprend des exercices physiques. L'abstinence sexuelle est de rigueur pour les moines et nonnes. Le yoga sexuel appartient au tummo, pourtant il est réservé aux étudiants laïques ou yogis en fin de cursus, donc parmi les plus avancés. À ce stade, le yogi effectue cette pratique avec une karmamudra - partenaire - qualifiée. Telle est la pratique de félicité-vacuité, la plus puissante pour prendre conscience de la nature du Mahamoudra.

 

Alexandra David-Néel a rendu célèbre ces pratiques qu'elle décrit ainsi :

« Par une nuit d'hiver où la lune brille, ceux qui se croient capables de subir victorieusement l'épreuve, se rendent, avec leur maître, sur le bord d'un cours d'eau non gelé (…) Les candidats au titre de Repa, complètement nus s'assoient sur le sol, les jambes croisées. Des draps sont plongés dans l'eau glacée, il y gèlent et en ressortent raides. Chacun des disciples en enroule un autour de lui et doit le dégeler et le sécher sur son corps. Dès que le linge est sec, on le replonge dans l'eau et le candidat s'en enveloppe de nouveau. L'opération se poursuit, jusqu'au lever du jour. Alors celui qui a séché le plus grand nombre de draps est proclamé le premier du concours »

(Mystiques et Magiciens du Thibet, p. 228/29, Plon, 1929).


La règle est que le yogi doit sécher au moins trois draps de suite pour avoir le droit de porter l'insigne de sa science du tummo, qui est une robe (drap) de coton blanc lui valant le titre de Repa (d'où Milarépa : Mila à la robe de coton). Une autre épreuve consiste à s'asseoir dans la neige où l'on juge de la chaleur dégagée par le corps à la quantité et la surface de neige fondue autour du yogi.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Six_yogas_de_N%C4%81ropa


LE TOUMO  :  l’esprit de feu

 

 

Passer l’hiver dans une caverne située entre 4000 et 5000 mètres d’altitude, vêtu d’une robe mince ou même nu, et ne pas périr gelé, est un problème compliqué. Nombres d’ermites tibétains l’ont pourtant résolu... La pratique tibétaine du toumo illustre de manière spectaculaire le pouvoir de l’esprit sur le corps.

© Simon Allix - La montagne magique

 

C’est un passage du livre d’Alexandra David-Néel,Mystiques et magiciens du Tibet, qui attira l’attention du cardiologue Herbert Benson. L’exploratrice y décrit la pratique tibétaine du toumo, mot tibétain désignant la chaleur : « Passer l’hiver dans une caverne située, souvent, entre 4000 et 5000 mètres d’altitude, vêtu d’une robe mince ou même nu, et ne pas périr gelé, est un problème compliqué. Nombres d’ermites tibétains l’ont pourtant résolu, et leur endurance est attribuée au fait qu’ils possèdent le moyen de stimuler la chaleur interne. »

 

Des résultats étonnants

En 1988, le Dalaï Lama qui visitait les Etats Unis pour la première fois se rendit à Harvard. «J’organisai un rendez-vous avec lui, décrivis mon travail sur le corps et l’esprit et lui demandai la permission d’étudier le toumo » se souvient Herbert Benson. A l’époque, ce professeur de médecine, auteur du best-sellerRelaxation response (état physiologique de relaxation profonde) paru en 1975, s’intéresse aux méditants expérimentés. Les expériences débutèrent au début des années 90, non sans mal, car la pratique est empreinte de secret et de mysticisme au Tibet.

 

« La première expérience, à Dharamsala, montra que par une température de 50°F (10°C), on enregistrait chez les moines en méditation une augmentation de la température corporelle de l’ordre de 17 à 18° F (8°C) » rapporte le docteur Benson. Au Ladakh en 1995, le cardiologue et son équipe filmèrent une « compétition » de toumo. Plusieurs méditants sont assis en tailleur dans une pièce dont la température avoisine les 5° C. IIs trempent dans de l’eau glacée (environ 8° C) des draps dont ils entourent complètement le haut de leur corps. De telles conditions provoqueraient chez la plupart d’entre nous des tremblements incontrôlés, une chute de température, et éventuellement la mort. Le corps des moines généra non seulement de la chaleur, mais de la vapeur s’éleva. « Durant cette performance qui dura plusieurs heures, chaque moine sécha trois draps. Le feu intérieur fit s’évaporer toute la vapeur d’eau contenue de la pièce » souligne le commentateur du film. « C’était tout à fait remarquable » se souvient avec émotion le docteur Benson. « J’ai alors pensé que l’esprit a des capacités extraordinaires d’interaction avec le corps, et que nous n’utilisons pas son plein pouvoir. »

« La production d’une telle énergie reste toutefois inexplicable »

 

 

La flamme qui brûle les pensées

C’est une méditation spécifique qui produit le toumo. Dans un premier temps, le corps produit la « relaxation response », un état de grande tranquillité d’esprit, à l’opposé du stress. « Les moines visualisent ensuite en esprit une image d’eux-mêmes, puis ils visualisent un feu venant d’abord de l’extérieur qui monte et descend dans leur corps » explique Herbert Benson. Ce feu a pour but de brûler les pensées mauvaises, impropres, et « c’est ce qui génère de la chaleur. »

 

Dans sa description, Alexandra David-Néel explique comment une pratique du toumo est liée à la visualisation de « veines mystiques » qui servent de fils conducteurs à des courants d’énergie. Pour les mystiques avancées précise-t-elle, cette sorte de réseau n’a « aucune réalité physique (…) c’est une représentation imagée et fictive de courants de force. » L’exercice, rythmé par la respiration, consiste en dix étapes de visions subjectives impliquant la naissance d’une petite flamme qui remplit le corps du méditant jusqu’à ce qu’il devienne flamme lui-même.

 

« Le cerveau a des souvenirs et ces souvenirs sont associés à des changements dans le corps. Si vous pensez que vous êtes attaqué, votre rythme cardiaque s’accélère, votre pression sanguine, votre métabolisme, votre respiration vont changer », souligne Herbert Benson. Autrement dit, le corps est sans cesse influencé par l’esprit. La production d’une telle énergie reste toutefois inexplicable.

 

 

Un pouvoir bien établi

Le toumo est le résultat d’années d’entraînement dans un environnement culturel particulier. « Quand nous avons amené des moines tibétains ici pour les étudier, ils n’ont pas pu faire le toumo comme ils l’avaient fait chez eux. Vous avez besoin de votre environnement, ce qui n’empêche pas que ce soit une capacité remarquable de l’esprit » explique le professeur Benson. Dans le Voyage d’une parisienne à Lhassa, Alexandra David-Néel affirme avoir utilisé elle-même la pratique du toumo, à laquelle elle avait été initiée.

 

Aujourd’hui, Herbert Benson relativise l’importance de ces travaux, comparés à d’autres. Menées par leBenson Henry Institute for Body Medecine à l’Hôpital Général du Massachussets des études récentes ont établi que la « relaxation response » altère l’expression de certains gènes, responsables d’inflammations, de la mort des cellules ou encore de la production de radicaux libres dans l’organisme. « Au XVIIIe siècle René Descartes a affirmé que l’esprit était séparé du corps » conclut Herbert Benson, « nous avons démontré le contraire. »

http://www.inrees.com/articles/Le-Toumo-l-esprit-de-feu/



 Yoga tibétain : le corps, véhicule vers l'Eveil


Si le Hatha-yoga se réfère à l'hindouisme, le yoga tibétain fait partie intégrante de la tradition bouddhique et le sens même du mot yoga se réfère à des acceptions précises, propres au bouddhisme. Un yoga qui nécessite bonne condition physique et engagement.

L'expression « yoga tibétain » n'est pas signifiante en soi car elle fait uniquement référence à une caractéristique géographique et omet le contexte spirituel dans lequel s'inscrivent les pratiques yogiques.

 « Nangpé yoga » est fréquemment utilisé mais cette expression pose un problème d'ordre linguistique : « Nangpé » est un terme tibétain qui signifie « intériorité » tandis que « yoga » vient du sanskrit.

 

Par ailleurs, certains ouvrages et professeurs font parfois référence aux « 5 tibétains », un enchaînement de cinq postures précises à pratiquer le matin, mais cette pratique, plus proche d'une gymnastique, n'a rien à voir avec le yoga tibétain tel qu'on l'enseigne et le pratique dans certains centres bouddhistes. Le terme tibétain pour yoga, « Neldjor », signifie union (djor) avec la nature essentielle de notre esprit (nel). Il est également juste de parler de « yoga bouddhique », car ce qui caractérise avant tout le « yoga tibétain », c'est la vue bouddhique à laquelle il se rattache, y compris dans la tradition bönpo (1). 

 

Les enseignements bouddhistes constituent le pilier à partir duquel vont prendre sens les pratiques. Si le Hatha-yoga se réfère à l'hindouisme, le yoga tibétain fait partie intégrante de la tradition bouddhique et le sens même du mot yoga se réfère à des acceptions précises, propres au bouddhisme.

 

Les pratiques tibétaines sont du yoga

 

Selon les textes, toute pratique qui vise à atteindre l'Eveil peut être qualifiée de yoga : « Si on appelle yoga les pratiques méditatives, avec ou sans visualisation, on peut dire que presque toutes les pratiques tibétaines sont du yoga ; «Neldjor» est utilisé systématiquement pour toute pratique, qu'elle soit de type méditative, avec ou sans visualisation élaborée » confirme Philippe Cornu (2). « Yoga » est donc un terme communément utilisé au sens spirituel du terme. Plus schématiquement, on distingue trois sortes de yogas : les yogas du corps (appelés également Kum-nyé, trülkhor ou encore Yantrayogas dans les lignées tantriques et Dzogchen) qui comprennent des exercices corporels et des prosternations, les yogas de la parole (la récitation de mantras, par exemple) et les yogas de l'esprit, strictement spirituels. C'est dans les yogas du corps qu'on trouvera la proximité la plus manifeste avec le Hatha-yoga mais réduire le yoga tibétain aux seuls exercices physiques constituerait une grave erreur de compréhension de la tradition bouddhique.

 

 

Un enchaînement dynamique de postures

 

Dans la tradition tibétaine, le corps est notre véhicule terrestre qui doit nous mener à l'Eveil. Dans cet objectif, on va travailler sur les canaux subtils pour les préparer, les purifier et les assouplir à l'aide d'exercices, de massages et de postures. «On prend pour appui le corps physique qui est une interface avec ce qu'on appelle les canaux subtils dans lesquels passent les « loung », - les souffles - qui sont les courants de manifestation des consciences», explique Lama Shérab Namdreul. Plus spécifiquement dans la pratique tantrique, on distingue deux phases dans les pratiques yogiques : la phase de développement et la phase de perfection. «La phase de développement, c'est la visualisation : le yogi apprend à se visualiser sous la forme d'une déité et apprend ensuite à réciter son mantra pour mûrir le pouvoir de la déité en lui. Une fois cette étape franchie, il entre dans les yogas internes», (Philippe Cornu). La phase de perfection consiste à travailler là encore sur les canaux subtils, les chakras, les souffles qui circulent dans les canaux et les « gouttes essentielles ». S'entraîner à pratiquer des respirations en vase par exemple - respirations spécifiques qui comprennent des rétentions et des compressions – constitue l'un des axes de la progression spirituelle dans le Vajrayâna qui comprend à la fois les pratiques tantriques et le Dzogchen.

Certaines postures peuvent rappeler des asanas hindouistes, même si  l'enchaînement des postures est ici très dynamique : «C'est un yoga actif, dynamique et vigoureux. On ne reste jamais longtemps dans les postures», précise Philippe Cornu. Sauts réalisés en posture de lotus («bebs»), claques ou flexions, constituent quelques-unes des particularités posturales assez spectaculaires et propres au yoga tibétain.

 

Des yogas encore secrets

 

Secrets pour la plupart, ces yogas nécessitent non seulement une très bonne condition physique, mais également un engagement de longue haleine. C'est pourquoi ces yogas ne sont pas enseignés au tout-venant. Et même si dans certains centres, comme à l'ermitage Yogi Ling, des stages sont ouverts à tous, il est fondamental de vérifier son intention et sa motivation spirituelle avant de s'inscrire : «On ne fait pas du yoga avec des préoccupations mondaines : pour l'hygiène, pour maigrir ou pour des performances physiques», rappelle Lama Shérab Namdreul, enseignant de yoga au centre Yogi Ling. Le yoga physique ne constitue qu'une méthode parmi d'autres pour viser l'Eveil dans la tradition tibétaine.

 

Utile, efficace mais pas incontournable. Ce que confirme Lama Shérab Namdreul : «Ca peut être utile de faire du yoga physique pour les personnes très agitées, par exemple, parce que ça calme le corps, mais l'essentiel c'est d'arriver à la méditation de l'esprit». L'exemple du Tumo, qui représente un des 6 yogas essentiels (5) transmis non seulement dans la lignée Changpa Kagyu mais aussi dans les autres écoles tibétaines, y compris le Yundrung bön, illustre parfaitement l'approche yogique du corps utilisé comme un moyen d'accès vers des objectifs spirituels ultimes.

 

Dans cette pratique, on va canaliser les souffles subtils dans le bas-ventre (juste en-dessous du nombril) pour augmenter la chaleur du corps. Pratiqué parfois dans la neige et quelle que soit la température extérieure, ce yoga secret présente des aspects souvent spectaculaires à nos yeux d'occidentaux. Mais l'objectif visé est spirituel : « l'idée c'est de transposer cette félicité du corps dans l'esprit : on a une expérience d'éveil où la félicité n'est plus une expérience circonstancielle mais la nature même de l'esprit, car l'esprit est félicité » (6) explique Lama Shérab Namdreul.

 

A moins de prendre refuge et de s'engager pour de longues années de pratique, aucun de ces yogas secrets ne sera accessible à nous autres occidentaux. Toutefois, soucieux de diffuser ses enseignements au plus grand nombre, Kalou Rinpoché  a conçu un ouvrage « Le Yoga Tibétain » qui s'adresse à tous, bouddhistes ou non, et aussi bien aux débutants qu'aux pratiquants avancés." 


 

Nathalie Ferron – Article publié dans la revue Santé Yoga Mai 2008

 http://www.yoganet.fr/blog/yoga-tibetain-35.html


 (1) Le bouddhisme comprend cinq  écoles : Nyingmapa, Kagyüpa, Sakyapa, Gelougpa et Youngdrung Bön. 

(2) Philippe Cornu est enseignant-chercheur et président de l'Université Bouddhique Européenne. Spécialiste du bouddhisme depuis une trentaine d'années, il a publié de nombreux ouvrages dont  «le Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme », aux éditions Le Seuil (2006).

(3) Lama Shérab Namdreul est enseignant et responsable des éditions Yogi Ling depuis 25 ans. Il a reçu les initiations, enseignements et transmissions de son maître Kalou Rinpoché.

(4) Naropa (brahmane indien) et sa compagne Niguma – Soukhasiddhi vécurent au Cachemire au 9e siècle et  transmirent la pratique des six yogas à Kyoungpo Neldjor, le maître fondateur de la lignée Changpa au Tibet. Source : www.Yogi-ling.net

(5) Les 6 yogas essentiels dans la lignée Changpa Kagyu sont : le yoga du feu intérieur (Tumo), le yoga du corps illusoire, le yoga du rêve, le yoga de la claire lumière, le yoga du transfert et le yoga du bardo.

(6) La félicité fait partie des 5 qualités de l'esprit. Les 4 autres qualités sont la clarté, l'équanimité, la compassion et la connaissance.


A lire :

« Le Yoga Tibétain » de Kalou Rinpoché, ed. Kunchab.

« Voie Graduelle du Yoga Tibétain » de Neldjorpa Shérab, ed.Yogi Ling


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